lundi 26 novembre 2007

Khmers rouges: Ieng Sary et sa femme nient les faits qui leur sont reprochés

PHNOM PENH - Ieng Sary et son épouse Ieng Thirith, ex-ministres des Khmers rouges inculpés pour crimes contre l'humanité, ont tous deux contesté les faits qui leur sont reprochés, selon des documents diffusés jeudi au Cambodge par le tribunal parrainé par l'ONU et chargé de les juger.

Ieng Sary, 82 ans, ancien ministre des Affaires étrangères du régime ultra-communiste des Khmers rouges (1975-1979), a déclaré aux juges d'instruction qu'il ne pouvait accepter "certaines accusations" et il a demandé que les preuves de sa culpabilité soient produites.

"Je voudrais savoir la vérité sur une période noire de notre histoire", a-t-il dit en exigeant d'être maintenu en liberté, ce que la cour a refusé.

Arrêté lundi et mis en examen pour "crimes contre l'humanité" et "crimes de guerre", Ieng Sary a fait valoir que s'il mourait en prison, la première victime serait sa famille et la deuxième le tribunal qui perdrait ainsi, selon lui, un témoin important.

Ieng Thirith, 75 ans, ex-ministre de l'Action sociale sous les Khmers rouges arrêtée avec son époux et mise en examen pour "crimes contre l'humanité", a elle aussi contesté les faits qui lui sont reprochés.

"Les affirmations des co-procureurs sont fausses à 100%", a-t-elle dit, assurant qu'à son poste, elle n'avait fait "qu'aider la population". Ieng Thirith a elle aussi été maintenue en détention.

Quelque deux millions de personnes avaient trouvé la mort sous le régime des Khmers rouges, qui, au nom d'une idéologie mêlant maoïsme et nationalisme, avait fait régner la terreur il y a 30 ans au Cambodge, vidant les villes au profit des campagnes, imposant le travail forcé et éliminant systématiquement tout opposant.

Les Khmers rouges avaient été chassés du pouvoir en 1979 à la suite d'une invasion vietnamienne.

Ieng Sary et Ieng Thirith, qui ont été arrêtés dans leur luxueuse villa de Phnom Penh, sont poursuivis pour meurtre, extermination, emprisonnement, persécution et autres actes inhumains. S'ils sont condamnés, ils risquent la prison à perpétuité, la peine de mort étant exclue par le tribunal à participation internationale mis en place en 2006 à Phnom Penh.

Ieng Sary avait fait l'objet d'une condamnation à mort par contumace pour génocide en 1979 après l'invasion vietnamienne du Cambodge, mais avait été grâcié en 1996 par le roi après avoir abandonné les Khmers rouges redevenus rebelles.

Les juges d'instruction ont toutefois estimé que "rien ne paraît s'opposer à ce que des poursuites soient exercées à l'encontre de Ieng Sary pour les faits jugés en 1979, sous une qualification internationale autre que celle de génocide".

(©AFP / 15 novembre 2007 13h32)

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