vendredi 11 mai 2007

Présidentielle française au Cambodge : les Franco-Khmers pencheraient pour Nicolas Sarkozy

Reportage devant le bureau de vote de Phnom Penh, mis en place pour permettre aux Français du Cambodge de voter lors de l'élection présidentielle française. Côté franco-khmer, nombreux ne cachaient pas leur préférence pour le candidat de droite.

PHNOM PENH - “C’est comme le 14 juillet, à la seule différence près qu’il n’y a pas à boire... On voit passer toute la communauté française”, s’amusait Laurent Lemarchand, premier conseiller à l’ambassade de France hier matin. A première vue, à 10 heures, l’affluence était plus grande qu’au premier tour. Sur les 1 402 électeurs inscrits auprès du consulat, 200 s’étaient déjà présentés à cette heure-là. Une petite file d’attente s’était constituée dans l’unique bureau de vote de l’ambassade : rares étaient les personnes qui ne venaient pas accompagnées, en couple, en famille ou entre amis. A croire que le devoir civique s’accomplit collectivement, que l’on ait la double nationalité ou non. “C’est moi qui gère la politique à la maison”, affirme ce retraité français accompagné de sa jeune épouse d’origine cambodgienne. Elle opine du chef suite aux propos de son mari. Elle a suivi ses consignes : au premier tour elle a voté Le Pen, au second, Sarkozy. “On est comme ça nous les Corses”, ajoute encore cet imposant personnage qui n’a pas suivi la consigne d’abstention du FN “pour faire barrage à la gauche”.

Hier matin, les Français étaient moins nombreux que les binationaux : lève-tard patentés, ils sont réputés être plutôt du soir. Pour les rares qui étaient présents cependant, c’était plutôt Ségo : “Je vote plus contre quelqu’un que par conviction, affirme ce jeune homme âgé d’une trentaine d’années. Le problème, c’est que Sarko applique la politique du résultat en bon opportuniste qu’il est. Il a soigné les vieux car ils sont plus nombreux. Mais je crois que tout est encore possible, et j’espère qu’on va avoir une bonne surprise ce soir”. Un peu plus loin, un groupe se lance dans les pronostics : une jeune femme s’inquiète d’avoir vu beaucoup de bulletins “Royal” dans l’isoloir, son ami lui répond que c’était tout le contraire dans le sien.

Côté Franco-Khmer, Sarkozy faisait clairement l’unanimité. Appartenant plutôt à l’élite, hautes personnalités politiques ou membres de la famille royale, ces derniers ont évoqué pêle-mêle pour justifier leur vote la sécurité à Paris, l’immigration, la nécessité de voir un homme d’expérience prendre les rênes du pouvoir. En écho à leurs dires, un communiqué tombait hier matin. Transmis par Sam Rainsy mais non signé par celui-ci, il appelle à voter pour le chef de l’UMP et commence en ces termes : “Nous, représentants de quelque 100 000 Français d’origine cambodgienne [...] sommes persuadés que Nicolas Sarkozy, un homme de principes qui partage beaucoup de nos valeurs, aidera le Cambodge”. Signé par neuf personnes basées un peu partout dans l’hexagone, il se décline en cinq points - sécurité, droits de l’Homme, lutte contre la corruption... - comme autant de domaines que la droite sera mieux à même d’investir.

Les Khméro-français présents n’avaient apparemment pas besoin d’une telle recommandation pour voter pour le candidat de la droite. Ils rechignaient cependant davantage à dévoiler la personne pour laquelle ils avaient choisi de voter. Consigne avait été donnée ce jour-là par l’ambassade de France d’interdire à la presse de prendre des photos dans le bureau de vote, certains binationaux n’ayant aucune envie qu’on les voit remplir leur devoir de citoyen de la République française.

Mélodie Tissot

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