jeudi 13 décembre 2007

« Le Cambodge n'est pas un État de droit » : réactions des dirigeants

« Le Cambodge n'est pas un État de droit » : réactions des dirigeants 

12-12-2007        

 

Yash Ghai, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour les droits de l'homme au Cambodge, était en mission du 1er au 10 décembre afin d'établir un rapport sur l'accès au droit et le respect de la loi dans le pays. Mais, si les sociétés civiles ont accepté de le rencontrer, les dirigeants, quant à eux, lui ont refusé tout entretien. Ce qui l'a conduit à déclarer que « le Cambodge n'est pas un État de droit ». Les réactions furent immédiates.
 

Pour sa quatrième visite au Cambodge, Yash Ghai devait établir un rapport sur les conflits fonciers, l'accès à la justice et le respect de la loi dans le pays, après avoir rencontré les différents acteurs de ce secteur. Une déception puisque, si les ONG et organismes l'ont accueilli, les membres du gouvernement, avec qui le représentant de l'ONU voulait s'entretenir, lui ont refusé toute audience. Le Premier ministre Hun Sen s'est expliqué : à la suite des propos de Yash Ghai dénonçant le fait que le pouvoir exécutif au Cambodge n'était détenu que par une seule personne, il l'a vertement critiqué, allant même jusqu'à le qualifier de « touriste à long terme dans le pays ».

 

 

Lors d'une conférence de presse lundi dernier, l'enquêteur en a conclu que « le Cambodge n'est pas un État de droit ». Réaction immédiate d'Uch Borith, secrétaire d'Etat du ministère des Affaires étrangères, pour qui « ces propos sont inacceptables ». « Si c'était vrai, a-t-il continué, comment Yash Ghai, lui-même, aurait-il pu participer à la manifestation pour la Journée internationale des droits de l'homme, organisée à Phnom Penh le 10 décembre ? ». Om Yintieng, haut conseiller du Premier ministre et président du Comité national des droits de l'homme, continue, quant à lui, de juger la situation des droits de l'homme au Cambodge « satisfaisante ».

 

 

Aujourd'hui, Hun Sen est allé plus loin encore, assurant que tant que le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon persistera « à employer ce genre de personnes, le Cambodge ne travaillera pas avec ». Et il espère que sa demande sera étudiée. En attendant, le chef du gouvernement continue d'accuser Yash Ghai d'avoir semé le trouble au Cambodge et lui conseille de commencer par relever le niveau socio-économique de son pays d'origine, le Kenya, avant de critiquer les autres nations. « Votre capitale, Nairobi, est une ville de bandits ! » affirme-t-il, avant de demander à Mwai Kibaki, président du Kenya, de lui présenter ses excuses.

 

 

Charlotte Mongier et Ky Soklim     

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