lundi 26 novembre 2007

Génocide au Cambodge : le difficile travail de mémoire

Compte rendu
Génocide au Cambodge : le difficile travail de mémoire
LE MONDE | 16.11.07 | 15h24  •  Mis à jour le 16.11.07 | 15h24

L'ex-numéro 3 du régime Khmer rouge, Ieng Sary, a été arrêté lundi 12 novembre à Phnom Penh. | AFP/ROB ELLIOTT

AFP/ROB ELLIOTT

L'ex-numéro 3 du régime Khmer rouge, Ieng Sary, a été arrêté lundi 12 novembre à Phnom Penh.


onsacré à la connaissance du génocide chez les jeunes, Cambodge : le difficile travail de mémoire est programmé sur Arte quelques jours après l'arrestation de Ieng Sary, figure du régime des Khmers rouges au Cambodge et beau-frère de Pol Pot ( Le Monde du 13 novembre). L'ancien vice-premier ministre du régime des Khmers rouges (1975-1979) est accusé de crimes contre l'humanité. Le reportage de Michel Dumont et Eric Bergeron était terminé quand l'information est tombée. Dans leur film, ils citent le cas de Ieng Sary, pour souligner les lenteurs de la justice.

Cette arrestation de Ieng Sary, dans sa résidence cossue de Phnom Penh, suggère que les protections politiques dont ont bénéficié d'anciens responsables Khmers rouges seraient en perte de vitesse. Elle donne plus de crédibilité au Tribunal spécial Khmers rouges (TKR), chargé de mener à bien une oeuvre de justice "à caractère international", selon l'accord de 1995 entre l'ONU et le Cambodge.

Les reporters, guidés par le juge français qui copréside le TKR avec un juge cambodgien, ont filmé les locaux flambant neufs de ce tribunal, où une salle d'audience de 500 places, ouverte au public, accueillera le procès des anciens dirigeants. Ils montrent la prison attenante, où sont incarcérés le tortionnaire Douch, de son vrai nom Kang Kech Ieu, et Nuon Chea, qui était chef de l'appareil répressif.

TORTURE

Ces noms-là ne disent pas toujours grand-chose aux lycéens et étudiants d'aujourd'hui. La caméra suit les activités de plusieurs associations cambodgiennes qui font un travail de mémoire auprès des jeunes générations. L'une a monté un centre de documentation, DC Cam. Plusieurs organisent des visites sur les sites du génocide, tel le camp S21, auquel le cinéaste cambodgien Rithy Panh a consacré son film S21, la machine de mort khmère rouge.

La connaissance de l'histoire se heurte à plusieurs obstacles. De nombreux ex-Khmers rouges occupent encore des positions dans l'armée ou l'administration. Quant aux civils, ils se souviennent qu'un quart à un tiers de la population sont morts des suites de mauvais traitements, torture et famine, pendant les quatre années du régime.

Interrogés par les reporters, des lycéens passent outre leur pudeur : plusieurs mentionnent la mort de proches. Une professeur dont le mari a été assassiné dans son lycée, alors partiellement transformé en centre de torture et en prison, explique : "Je ne raconte jamais cette histoire aux élèves. J'ai peur qu'elle les traumatise et qu'ils fassent des cauchemars."


"Cambodge : le difficile travail d'histoire", samedi 17 novembre à 19 heures sur Arte.

Catherine Bédarida
Article paru dans l'édition du 17.11.07

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