vendredi 30 novembre 2007

Cambodge Soir : Edito du 29 novembre 2007

30-11-2007        

 

Le vol à l'arraché. Voilà un sujet de débats et de préoccupations chez les expatriés phnompenhois ces dernières semaines. Il y a ceux qui en ont déjà été victimes et il y a les autres. Au dîner d'hier soir, écoutant mon hôte narrant la manière dont elle avait réussi à sauver son sac...

  

Le vol à l'arraché. Voilà un sujet de débats et de préoccupations chez les expatriés phnompenhois ces dernières semaines. Il y a ceux qui en ont déjà été victimes et il y a les autres. Au dîner d'hier soir, écoutant mon hôte narrant la manière dont elle avait réussi à sauver son sac qu'un voyou s'était mis en tête de s'approprier sur le pas de sa porte, je me rangeais encore dans la deuxième catégorie. Après le repas, au détour d'une rue sombre et en quelques minutes seulement, je passais du côté des victimes. Une de plus.

Ce climat qui plonge le milieu expatrié dans une certaine angoisse à l'idée d'emprunter, la nuit venue, les encore trop nombreuses rues non éclairées de la capitale, n'est pas sans rappeler l'année 1996. Cette époque était en effet marquée par une vague sans précédent de braquages à main armée, dont les cibles principales étaient les étrangers. Les jeunes voyous étaient armés. Ils suivaient leur proie à moto et les stoppaient, un pistolet sur la tempe, pour les dépouiller rapidement. Se « faire braquer » dans les rues de la ville était devenu banal. Certains accumulaient même ce genre de mésaventures comme d'autres des trophées. Quelques agressions avaient toutefois mal tourné et des drames étaient venus endeuiller la communauté occidentale. D'autres s'étaient armés à leur tour et les tentatives de braquages tournaient au duel.

Le gouvernement avait alors réagi en mettant sur pieds une unité d'intervention d'élite, les Flying Tiger. Ces policiers montés sur de puissantes motos patrouillaient ainsi la ville à la recherche des jeunes voyous. Quelques temps plus tard, la municipalité organisait des barrages géants, bloquant les véhicules sur les avenues à la recherche d'armes à feu. Les mesures avaient connu un vif succès et les braquages s'étaient peu à peu dissipés.

Certes, le vol à l'arraché d'aujourd'hui est moins violent que les agressions armées d'hier, moins traumatisant également, mais les risques de dérapages sont tout aussi grands. Qui sont ces voyous ? Des petits malfrats solitaires ou des bandes organisées ? Des gosses de riche, des lycéens en quête de quelque argent ou des pauvres types de la campagne ? Peut-être tout à la fois, nul ne le sait, mais une chose est certaine, en 1996, les commissariats n'étaient pas délocalisés à dix kilomètres de la ville et les choses étaient prises au sérieux. Aujourd'hui,

on s'emmure derrière des chiffres pour expliquer que la criminalité a chuté. Ce n'est pas en affirmant qu'un problème n'existe pas, qu'on lui trouvera des solutions. Et pendant que l'autruche met sa tête dans le trou, des petits malins lui piquent le sac.
 

Frédéric Amat

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