LE MONDE | 17.05.06 | 15h16 • Mis à jour le 15.08.07 | 18h46
e 18 mai, une effigie khmère acéphale, détenue par le Musée Guimet, à Paris, va retrouver sa tête par le plus grand des hasards. Cette divinité féminine, d'un style (Preah Ko) peu connu, datant de la fin du IX e siècle, est entrée (sans tête) dans les collections nationales en 1936. Provenant du temple de Bakong, près d'Angkor, elle avait été ramenée par Philippe Stern, à l'époque conservateur au Musée Guimet et membre de l'Ecole française d'Extrême-Orient (EFAO), au moment où celle-ci organisait les grands musées du Cambodge et du Vietnam.
Ce même Philippe Stern, au plus fort de la guerre du Vietnam, avait demandé au président américain Richard Nixon de sanctuariser les monuments majeurs du Vietnam, dont le musée de Da Nang, où se trouvaient les vestiges les plus significatifs de la civilisation champa (V e-XVe siècle). L'administrateur civil de la base américaine de Da Nang, John Gunther Dean, reçut l'ordre de la Maison Blanche de préserver le musée. Ce qui fut fait. M. Dean, nommé en 1974 ambassadeur au Cambodge, se vit offrir par les autorités khmères une antique tête de pierre. Ramassée avec d'autres éléments à proximité du temple Bakong, elle était entreposée dans les réserves de la Conservation d'Angkor.
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Pour remercier le Musée Guimet qui, lors d'une exposition consacrée au Champa (en 2005), avait signalé son comportement à Da Nang, l'ambassadeur américain offre au musée parisien cette tête. Laquelle s'adapte parfaitement au corps de la divinité ramenée par Philippe Stern.
La même aventure est arrivée au Musée national du Cambodge de Phnom Penh : une tête, détenue depuis la fin du XIXe siècle par Guimet, correspond au corps d'une statue conservée dans ses collections. Des négociations sont en cours pour que la tête de Guimet soit déposée sur les épaules qui l'attendent à Phnom Penh.
Emmanuel de Roux
Article paru dans l'édition du 18.05.06
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