jeudi 16 août 2007

Nouveau déboire au tribunal des Khmers rouges: départ d'un juge cambodgien

lemonde.fr
Nouveau déboire au tribunal des Khmers rouges: départ d'un juge cambodgien
AFP 16.08.07 | 14h36

 
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Un juge d'instruction cambodgien qui jouait un rôle clef au tribunal parrainé par l'ONU et chargé de juger des leaders Khmers rouges a confirmé officiellement jeudi son départ, qui constitue un revers susceptible de perturber et de retarder une nouvelle fois le processus.

Dans un communiqué, You Bunleng, co-juge d'instruction du tribunal à participation internationale, s'est dit "extrêmement honoré" d'avoir été nommé président de la Cour d'appel du Cambodge après le limogeage pour corruption d'une femme qui dirigeait précédemment cette instance.

Conscient que cette nomination, approuvée par le Premier ministre Hun Sen, tombe mal alors que le tribunal des Khmers rouges peine à se mettre en place depuis un an, You Bunleng a dit qu'il était de son devoir qu'il n'y ait "aucune interruption ou retard dans le processus" et qu'il consultait son homologue international, le Français Marcel Lemonde, pour "atteindre une solution mutuellement acceptable et constructive qui ne perturbe pas le travail".

L'ONU, généralement discrète, a vivement réagi. "Les Nations unies sont inquiètes" devant l'impact de la décision du gouvernement cambodgien sur "l'efficacité" des activités en cours et sur "l'indépendance" du tribunal, indique une déclaration écrite transmise à la presse.

Un des deux procureurs du tribunal, le Canadien Robert Petit, a déclaré à l'AFP que le départ de You Bunleng constituait "une perte" et qu'il aurait "un effet perturbateur" après un an de travail en commun.

"Cette cour est si sensible à la notion temps et a des ressources si limitées que les personnes des deux parties (cambodgienne et internationale) doivent être sûres qu'elles seront là" pendant leur mandat, a-t-il dit.

Après des mois de retard qui avaient alimenté des doutes sur la volonté du pouvoir cambodgien de voir des procès se tenir, You Bunleng et Marcel Lemonde avaient commencé, en juillet, à examiner des accusations contre cinq suspects liés au régime des Khmers rouges (1975-1979).

Seul l'un deux, surnommé Douch, qui dirigeait le centre de torture de Tuol Sleng à Phnom Penh, a été inculpé de crimes contre l'humanité et placé en détention provisoire sous la responsabilité du tribunal.

La lenteur des procédures jusqu'ici a fait craindre que d'anciens hiérarques du régime, tous âgés, décèdent avant leur éventuelle comparution. Le gouvernement cambodgien compte d'ex-commandants Khmers rouges.

Près de deux millions de personnes ont trouvé la mort sous le régime de Pol Pot, qui a fait régner la terreur au Cambodge, supprimant les écoles, transférant des millions de personnes à la campagne et éliminant tout opposant.

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