jeudi 12 juillet 2007

VOYAGE - De Battambang à Phnom Penh...

VOYAGE - De Battambang à Phnom Penh... Version imprimable Suggérer par mail

Prendre le train au Cambodge. En voilà une idée. Pourtant, découvrir les rizières, les paysages montagneux et marécageux et les centaines de petits villages cambodgiens est une véritable expérience à vivre. Voici le récit d´un voyage à bord du train le plus lent d´Asie...

De Battambang à Phnom Penh (crédit: LPJ Cambodge)

Lors d´un passage à Battambang, une « folle idée »pourrait vous traverser l´esprit : prendre le train pour regagner Phnom Penh. Le réseau ferroviaire Cambodgien n´est pourtant pas connu pour son confort et sa rapidité. Bien au contraire, le train n´est pas des plus récents et surtout n´est pas des plus rapides. Mais qu´importe, une expérience comme celle-ci vaut la peine d´être vécue. Sachez tout d´abord que la voie ferrée étant unique entre Phnom Penh et Battambang, les trains circulent dans un sens le Samedi et dans l´autre le Dimanche. Il vaut mieux se renseigner à la gare quelques jours avant le départ, mais pas de panique pour les billets, ils s´achètent aisément quelques minutes avant le coup de sifflet du chef de gare. Comptez 4 ou 5 dollars par personne pour un Battambag-Phnom Penh. Première surprise qui caractérise toute la complexité locale, le train part à l´heure. 6h40, pas une minute de plus.

Les liaisons ferroviaires entre Siem Reap et Phnom Penh n´existent plus depuis quelques années> Celles entre la Capitale et Battambang résistent encore mais pour combien de temps ? 
Alors il est encore temps de se laisser bercer par le charme d´un train en bois pendant une vingtaine d´heures> Oui, environ 20 heures pour parcourir 280 kilomètres, il vaut mieux ne pas oublier son hamac, sa lecture, quelques jeux de société et surtout de quoi boire et manger, car les quelques haltes sont tellement courtes qu´elles laissent à peine le temps de se ravitailler en eau. Cette moyenne de 20 kilomètres par heures vous permet aussi d´admirer toute la beauté des paysages des plaines cambodgiennes. A la nuit tombante, seule la lune, les lucioles et les vers luisants vous éclaireront.
Bien évidemment, les cargaisons de bois, de fruits, de légumes font également partie du voyage. Généralement, le train se remplit de marchandises diverses et variées jusqu´au point de ne plus pouvoir poser ses pieds par terre.

Le temps se faisant, vous vous lierez d´amitié avec les cambodgiens qui montent dans le train au fur et à mesure du parcours et de quelques routards tous aussi téméraires que vous (qui bien souvent, dépités par sa lenteur, quittent le train à Pursat pour attraper un bus). Avec un peu de chance la petite vendeuse de ramboutans et de litchis vous proposera quelques fruits pour récompenser vos talents de chanteur. Et oui, on ne résiste pas à la tentation de pousser la chansonnette...un peu de Renaud ou de Dutronc contre une chanson traditionnelle khmère, c´est un troc parfait.

Tout au long du trajet, à l´occasion d´arrêts furtifs, vous pourrez découvrir les villes et les villages qui composent le pays. C´est un véritable cours de Géographie grandeur nature : Battambang, Pursat pour les plus grandes villes et une multitude de petits villages dont on ignore jusqu´aux noms. Le passage du train est un véritable événement hebdomadaire pour les enfants qui se mettent souvent à courir à côté du train en marche. Un exercice périlleux qui nous fait réaliser la véritable lenteur du train.
Malgré sa faible allure, on avance en étant tout aussi secoué qu´à l´arrière d´un pick-up. A l´image de la route, la voie ferrée n´est pas très lisse, et en passant les pont qui se nichent à quelques mètres au-dessus du sol, on se surprend à espérer que le train ne déraille pas. Mais peu importe l´heure, il parait que le train Cambodgien arrive toujours à bon port.

Si vous avez de la chance, les cambodgiens vous laisseront admirer le couché du soleil depuis le toit du train. Sans doute par peur du danger, l´accès nous y a été interdit. Mais ce la n´a pas gâché pour autant la fin du voyage. Un départ le dimanche matin de Battambang à 6h40 pour une arrivée à Phnom Penh à 2 heures du matin...un peu plus de 19 heures de voyages quelque peu épuisantes mais 19 inoubliables heures à parcourir le pays à bord de ce train qui inexorablement est le plus lent d´Asie.

Les liaisons ferroviaires ferment les unes après les autres, les cambodgiens préférant délaisser le train au profit des voitures ou des autobus. Alors, avant qu´il ne soit trop tard, prenez donc le train en marche.

Anne Broggi (www.lepetitjournal.com Cambodge) vendredi 6 juin 2007

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