vendredi 11 mai 2007

Nicolas Sarkozy, un président nouvelle génération

Election présidentielle française : Nicolas Sarkozy, un président nouvelle génération
07-05-2007

Portrait du nouveau président de la république française, élu dimanche soir par 53,1% des électeurs français, selon les premières estimations.

Nicolas Sarkozy est le nouveau président de la République française. Cette victoire, c’est celle de la droite bien sûr, mais aussi celle de tous les collégiens de France et de Navarre qui ont un jour redoublé une classe et à qui on a dit qu’ils n’arriveraient à rien dans la vie. Fils d’un immigré hongrois issu de la petite noblesse locale et exilé en France pour cause de persécution communiste, le petit Nicolas naît le 28 Janvier 1955 à Paris. Sa mère, au foyer, reprend ses études de droit et devient avocate après son divorce. Et c’est tout naturellement qu’il marche sur ses traces, en obtenant une maîtrise de droit en 1978, sans avoir oublié de redoubler sa 6e. Il entre ensuite à Sciences-po Paris dont il ne sort pas diplômé, éliminé par de trop mauvaises notes en anglais. Mais peut-être était-il trop occupé par ses engagements politiques pour se consacrer suffisamment à ses études : en 1976, il adhère au Rassemblement pour la République (RPR), l’ancêtre de l’UMP, avec la bénédiction de Charles Pasqua. 1981, nouvelle présidentielle, il préside le comité de soutien des jeunes à la candidature de Jacques Chirac. La même année, après avoir longtemps hésité à devenir journaliste, il embrasse la carrière d’avocat. En 1983, il épouse sa première femme dont il aura deux garçons, et devient le plus jeune maire de France. A 28 ans, c’est l’édile de la ville la plus riche du département le plus riche de France : Neuilly, dans les Hauts de Seine, en banlieue parisienne.

Nicolas Sarkozy est un homme pressé, maire avant 30 ans, il est élu député à 34 ans et obtient son premier portefeuille ministériel à 38 ans, lors de la victoire de la droite aux législatives de 1993. Entre-temps, il a rencontré Cécilia, dont il a fait la connaissance lorsque, maire de Neuilly, il l’a mariée à l'animateur de télévision, Jacques Martin, qu’elle quittera en 1989 pour l’épouser. C’est avec son poste de ministre du Budget et de porte-parole du gouvernement d’Edouard Balladur qu’il se fait connaître du grand public. En 1995, lors de l’élection du chef de l’Etat, il mise sur le mauvais cheval, en soutenant le Premier ministre sortant contre Jacques Chirac. Il tente de revenir dans le jeu politique en prenant la tête du RPR. Il emmène sa formation aux élections européennes de 1999, qui se soldent par un échec cuisant et une longue traversée du désert pour Nicolas Sarkozy. Il revient alors à ses premiers amours, reprenant sa place dans le cabinet d’avocat qu’il avait créé, et proclame dans un livre, Libre (2001), son bonheur d’être éloigné de la vie politique.


Une ascension continue depuis 2002
Mais s’il est parti, ce n’est que pour mieux revenir. A partir de 2002, son ascension est continue. Il est nommé N°2 du gouvernement et prend ses fonctions au ministère de l’Intérieur, où il impose un style “musclé”. Il déclare la guerre aux excès de vitesse et instaure le fichage ADN des délinquants sexuels, ensuite étendu à toute personne soupçonnée, sans que les preuves de culpabilité soient forcément établies. En mars 2004, il devient ministre de l’Economie, où il laisse deux souvenirs : celui d’avoir réduit de 2% les prix des biens de consommation, et d’avoir promis qu’il ne privatiserait jamais Gaz de France. En novembre, il est élu président de l’UMP avec 85% des voix, il démissionne le lendemain pour se consacrer pleinement à la course présidentielle. Mais le “non” à la Constitution européenne a raison de cette volonté, il revient aux affaires en tant que ministre de l’Intérieur. Et c’est Place Beauvau que le président de la République a construit son image. Il n’hésite pas à employer les mots “Karcher”(1) et “racaille”(2) pour parler des banlieues françaises qu’il faudrait nettoyer de leurs délinquants. Le divorce entre Nicolas Sarkozy et les jeunes des périphéries est consommé. Le fossé continue de se creuser pendant les émeutes de novembre 2005.
Par sa fonction et par ses idées, il se retrouve en première ligne. Il reste pourtant assez discret, comme il le sera aussi cinq mois après lors de la crise du Contrat Première Embauche (CPE). Proposé par le Premier ministre, sur ses recommandations, ce contrat vise à faciliter aux jeunes l’accès à l’emploi en rendant plus flexible le droit du travail qui les entoure. Avec la révolte des jeunes qui s’ensuit, il prend une fois de plus ses distances, mais sa candidature émerge définitivement comme la seule à droite. Il continue sa montée dans les sondages en chassant sur les terres de l’extrême-droite avec deux lois emblématiques : l’une sur l’immigration qui durcit les conditions de régularisation des sans-papiers, et l’autre sur la prévention de la délinquance qui veut détecter dès le plus jeune âge ses signes avant-coureurs chez les enfants. En novembre 2006, il annonce sa candidature au poste suprême. Début janvier, il est approuvé par ses militants avec 98% des voix, seul candidat à la candidature.

Départ en retraite
Il ne quittera plus la tête des sondages d’intentions de vote. Il avait obtenu le plus haut score par un candidat du premier tour avec 11 millions et demi de voix et 31% des suffrages. Hier soir, il a transformé l’essai, vainquant le “Tout sauf Sarkozy” de la gauche française. Il prendra en effet une retraite... spirituelle, a-t-il annoncé.
(1) Outil de nettoyage à haute pression, fabriqué par la marque allemande Karcher
(2) Terme d’argot signifiant voyou, petit malfrat

Lorraine de Foucher

Nicolas Sarkozy en 13 dates
28 janvier 1955
: Naissance
1974 : Adhésion à l’Union des démocrates pour la République créée par le général de Gaulle.
1981 : Il devient avocat et préside le comité de soutien des jeunes à la candidature de Jacques Chirac.
1983 : Il devient le plus jeune maire de France en prenant l’Hôtel de Ville de Neuilly à 28 ans.
1989 : Il épouse Cécilia, femme de l’ombre qui participe à toutes ses décisions
1993 : Débâcle de la gauche aux législatives, la droite arrive au pouvoir et dans son sillage Nicolas Sarkozy devient porte-parole du gouvernement
1995 : Début de la traversée du désert, il soutient Edouard Balladur contre Jacques Chirac. Avec la victoire de ce dernier, il est tenu éloigné des affaires.
1999 : Elu président par intérim du RPR.
2002 : Ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
2004 : Il passe 6 mois à l’Economie, avant d’être élu président de l’UMP
2005 : Il revient à l’Intérieur, avec le Non au référendum.
Mars 2007 : Il est désigné candidat officiel en janvier.
5 Mai 2007 : Nicolas Sarkozy est élu président de la République française.

Aucun commentaire: