jeudi 26 avril 2007

Textile : des grandes marques critiquent les “violences” contre les syndicats au Cambodge

De grandes marques de fabricants de vêtements signent un courrier commun dans lequel elles s’inquiètent du respect de la liberté syndicale au Cambodge et appellent à une justice efficace, source de stabilité.

Plusieurs grandes marques ont appelé à faire la lumière sur la mort du syndicaliste Hy Vuthy

Des marques internationales de vêtements qui s’approvisionnent auprès d’usines de confection du Cambodge font part dans une lettre adressée au Premier ministre Hun Sen, au vice-Premier ministre Sâr Kheng, au ministre du Commerce Cham Prasidh et au ministre du Travail Vong Sauth de leurs inquiétudes au sujet de “ce qui semble être un modèle de violence contre les dirigeants syndicaux dans le pays”. “Il est de la plus haute importance pour nous, en tant qu’acheteurs, que l’Etat de droit soit rapide, juste et transparent. Cela assure un environnement professionnel dans lequel les travailleurs peuvent exercer librement leur droit à la liberté d’association sans crainte de représailles. Cela assure également un environnement professionnel stable qui nous permet de continuer à rechercher des fournisseurs.”

Eddie Bauer, Gap, H&M, Liz Claiborne et Phillips-Van Heusen, les signataires de ce courrier, exhortent les autorités cambodgiennes à enquêter de manière approfondie et indépendante sur la mort du syndicaliste Hy Vuthy, tué le 24 février à la sortie de l’usine Suntex où il était représentant syndical du Siorc, et de traduire devant la justice ses meurtriers. Et les représentants de ces marques mondialement connues d’exprimer leur impatience à observer des “progrès tangibles des autorités cambodgiennes sur cette question”.

Par ailleurs, le président de la Confédération des syndicats du Cambodge, Rong Chhun, a écrit hier une lettre à Juan Somavia, le directeur de l’Organisation internationale du travail (OIT) en charge du comité de la liberté syndicale, pour lui faire part de ses inquiétudes quant à la culture d’impunité qui existe au Cambodge. Dans son courrier, il rappelle que depuis le meurtre en janvier 2004 du président du Syndicat indépendant des ouvriers du Cambodge (Siorc), Chea Vichea, deux autres militants du Siorc sont tombés sous les balles d’inconnus : Ros Sovannareth et Hy Vuthy. “Les autorités n’ont pas mené d’enquête pour retrouver les auteurs de ces meurtres”, déplore le syndicaliste, qui qualifie l’arrestation de Born Samnang et Sok Sam œun pour le meurtre de Chea Vichea de “mise en scène orchestrée par le pouvoir”. Leur condamnation à vingt ans de prison, confirmée par la Cour d’appel le 12 avril, a été vivement critiquée par la société civile. Rong Chhun fustige ainsi le manque de volonté de Phnom Penh de mettre la main sur les vrais coupables, “car cela touche à de hautes personnalités du gouvernement”. “Il faut que Juan Somavia, en tant que responsable de l’OIT, crée, en collaboration avec les fédérations syndicales internationales, un comité international pour identifier les véritables auteurs du meurtre de Chea Vichea et de ses collègues pour que justice soit rendue aux victimes”, suggère Rong Chhun.

Nhim Sophal
CS 26-04-2007

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