Les bonzes khmers kroms veulent de nouveau manifester

CS 20-04-2007

A l’occasion d’une campagne mondiale, les bonzes khmers kroms au Cambodge entendent manifester ce vendredi, malgré l'absence d'autorisation de la municipalité de Phnom Penh, contre la répression qu’ils subissent selon eux au Viêt-nam.

Les bonzes khmers kroms veulent récidiver. Ce vendredi matin, de concert avec leurs compatriotes répartis aux quatre coins du monde, ils manifesteront en faveur de leurs droits qu’ils estiment trop souvent bafoués au Viêt-nam, là où vit l’essentiel de leur communauté. Ils demanderont également la libération de trois bonzes khmers kroms arrêtés il y a quelques mois par les autorités viêtnamiennes. Le 27 février, une quarantaine de moines originaires de cette ancienne province cambodgienne avaient déjà tenté de se rassembler devant l’ambassade du Viêt-nam de Phnom Penh à l’occasion de la visite du président viêtnamien Nguyen Minh Triet pour dénoncer les pressions de Hanoï sur les ressortissants khmers kroms. Une initiative à laquelle la municipalité de Phnom Penh n’avait pas donné son feu vert. Leur mouvement s’était opposé à un cordon de policiers armés, et les manifestants avaient finalement accepté de rejoindre leurs pagodes respectives après plusieurs heures d’échanges plutôt vifs.

L’histoire se répète puisqu’encore cette fois-ci, les protestataires n’ont pas obtenu l’aval de la mairie, qui a jugé le dépôt de leur demande trop tardif. “Nous avons effectué cette démarche à la veille du Nouvel an et on nous a répondu que ce n’était pas le bon moment. Alors nous sommes retournés à la municipalité le 17 avril mais on nous a dit que ce n’était pas possible ce jour-là non plus! Nous avons réitéré mercredi et là les édiles nous ont expliqué qu’ils ne disposaient plus d’assez de temps pour prendre leur décision. Même si pas un seul bonze ne parvient à se dresser devant l’ambassade viêtnamienne, nous n’abandonnons pas le projet car il est important que nous nous joignions au mouvement international”, assure le vénérable Yeung Sen, président de l’Association des bonzes khmers kroms, pour qui la municipalité ne fait que chercher des excuses pour les empêcher de manifester. “En théorie, ils auraient dû en faire la demande au moins trois jours avant le déroulement de la manifestation. Nous ne cherchons pas à contrarier leur projet mais leur demandons de modifier la date, c’est tout”, se défend Pa Socheat Vong, vice-gouverneur de Phnom Penh.
Nos revendications restent les mêmes, insiste le vénérable Yeung Sen. “Nous demandons à Hanoï de libérer nos trois bonzes et de réhabiliter sept autres qu’elle a injustement défroqués. Le gouvernement viêtnamien les a accusés d’être des traîtres à la nation mais nous ne sommes que des Khmers kroms, nous voulons que nous soit reconnue la liberté de culte et le droit de vivre en paix.”

Ce vendredi, l’appel lancé depuis les Etats-Unis par l’Association internationale des Khmers du Kampuchea krom devrait être suivi, outre en Amérique, en France, en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Suisse et en Allemagne. Au Cambodge, deux cents moines originaires de l’ancienne Cochinchine ont prévu de se retrouver à la pagode Samaki Rainsei, dans l’arrondissement phnompenhois de Meanchey, d’où ils débuteront leur marche sur la chancellerie viêtnamienne.

Le porte-parole de l’ambassade viêtnamienne, M. Cam, interrogé jeudi, nie le fait que son gouvernement soumette les Khmers kroms à de dures répressions comme il le lui est reproché. “Nous sommes bouddhistes comme les Cambodgiens. Nous n’avons donc aucune raison d’opprimer les bonzes khmers kroms. Le Viêt-nam respecte la liberté de culte. Ceux d’entre eux qui ont été arrêtés ont en revanche violé la loi”, argumente-t-il.

Peu après leur dernière action menée à proximité de l’ambassade viêtnamienne, un bonze khmer krom, avait été retrouvé la gorge tranchée dans sa cellule d’un wat de la province de Kandal. La police avait conclu à un suicide sous l’emprise de drogues, mais les frères du défunt continuent de réclamer l’ouverture d’une enquête sur ce décès qu’ils jugent suspect.

Kong Sothanarith