mercredi 25 avril 2007

Banques : les guichets automatiques trouvent leur public au Cambodge

Le secteur bancaire du Cambodge vit une petite révolution. Introduites en 1997 par la Canadia Bank, les cartes bancaires séduisent de plus en plus de particuliers. ANZ s’est lancé sur le marché, suivie bientôt par d’autres banques dont Acleda.

Les consommateurs cambodgiens commencent à apprécier de ne plus avoir à porter des sommes importantes sur eux, grâce aux cartes bancaires (Pring Samrang)

Le secteur bancaire est en pleine effervescence. Les banques se bousculent aujourd’hui pour proposer à leurs clients des cartes bancaires, qui séduisent un nombre croissant de particuliers. Balbutiant il y a encore quelques années, le secteur est aujourd’hui tiré par deux leaders : la Canadia Bank, qui fait figure de pionnier puisque c’est elle qui a introduit les premières cartes bancaires Master et Visa en 1997, et ANZ Royal, qui a modernisé le secteur en basant ses prestations sur les standards internationaux, ce qui a provoqué une montée en gamme des produits et des services bancaires.

Les deux pionniers des guichets automatiques
La Canadia bank dispose d’une dizaine de distributeurs GAB (Guichet automatique bancaire) dans le pays, dont une majorité à Phnom Penh, trois à Siem Reap, un à Battambang, Poïpet et Sihanoukville. Fonctionnant 24 heures sur 24, “y compris les jours fériés”, précise le directeur marketing du service des cartes, Lok Van Chheng, ce service est également accessible de l’étranger et ne coûte que 15 dollars par an.

Résolument offensive, la banque ANZ Royal dispose du plus important réseau de GAB du pays, dans les supermarchés, stations services ou simples succursales de Phnom Penh, Siem Reap, Sihanoukville et Battambang. La banque a cependant refusé de fournir davantage de détails sur sa présence sur le territoire. Un employé affirme sous couvert d’anonymat que 30 000 Cambodgiens bénéficieraient aujourd’hui de ce service, et ce alors que la Mission économique estimait à 10 000 le nombre total de propriétaires de cartes au milieu de l’an dernier. A cette date, ANZ comptait 22 distributeurs à Phnom Penh, 7 à Siem Reap, et prévoyait d’en déployer 52 dans les principales villes du pays, selon la Mission économique.
ANZ, qui propose toute une gamme de services allant de la gestion des comptes sur internet aux transferts gratuits entre agences ANZ, propose également le paiement par carte dans les magasins marqués du signe “Blue Spot”.
Derrière ces deux locomotives - Canadia a répliqué en augmentant sa couverture dans le pays - plusieurs banques, comme UCB ou SCB, se dépêchent de se placer sur ce marché émergeant.

La microfinance s'engouffre dans la brèche
Acleda, originellement spécialisée dans la microfinance notamment auprès des populations rurales, entend profiter de sa bonne couverture du pays pour imposer ses propres GAB et cartes bancaires. Som Vuthy, responsable adjoint de la logistique, explique qu’une phase de test est en cours avec le personnel de la banque. Fin mai, ce service devrait être étendu aux grandes villes du pays. “Notre banque sera la première sur ce secteur car nous avons 62 bureaux. Dans un avenir proche, tous les Cambodgiens, y compris les paysans, pourront tenir une carte bancaire dans leur main”, espère-t-il.

L’économiste Kang Chandararoth, président du Cambodian Institute of Development Study, se félicite de ce mouvement général. “Si ce nouveau service se développe, cela changera les habitudes des Cambodgiens qui ont tendance à garder leurs économies à la maison, ce qui présente certains risques. L’accès au crédit va également de pair avec l’augmentation du niveau de vie...”, commente-t-il.

Une confiance croissante dans les banques
Les utilisateurs se montrent généralement satisfaits de leurs cartes bancaires, signe qu’ils font désormais confiance aux banques même s’ils déplorent parfois quelques problèmes techniques. Thong Lim, professeur d’anglais, se félicite avant tout de gagner du temps. “Plus la peine de faire la queue pour déposer ou retirer de l’argent. En plus, comme je viens de Kompong Thom, il m’était difficile de laisser tout mon argent à la maison ou de l’emmener chaque jour avec moi. La carte est beaucoup plus sécurisante”, explique-t-il, avant de déplorer néanmoins les pannes fréquentes de GAB ou les pénuries de billets.

Chan Boreï, client de Canadia Bank, estime qu’on peut désormais faire confiance aux banques. “Quand je rends visite à ma famille à Siem Reap, plus besoin d’emmener tout mon argent avec moi. je peux tirer là-bas”, se réjouit-il. Signe que ce nouveau service ne touche pas que les couches les plus aisées de la population, Srey Vy, lanceuse de bière, dispose elle aussi d’une carte bancaire. Son employeur a pour politique d’en distribuer à tous ses employés. Elle aussi se félicite du temps gagné et de la facilité avec laquelle elle peut vérifier l’état de ses comptes quand elle le souhaite.

Ung Chamrœun
CS 25-04-2007

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