CS 18-12-2007
Journaliste depuis 30 ans, Werner vom Busch est le directeur du programme consacré aux médias asiatiques de l'association allemande Konrad Adenauer Stiftung. Basé à Singapour, il vient d'organiser un séminaire sur le thème « Les médias et la loi » à Siem Reap. Trente journalistes de huit pays de l'Asie du Sud-Est et d'Allemagne étaient présents. Werner Vom Busch se penche sur le cas de la presse cambodgienne dont il juge que les professionnels manquent encore de formation.
Monsieur Werner vom Busch, de l'association Konrad Adenauer Stiftung.Ky Soklim : Pourquoi avez-vous choisi d'aborder ce thème « les médias et la loi » ?
Werner vom Busch : nous savons que les journalistes rencontrent des difficultés pour faire leur travail car certains pays édictent des lois qui restreignent la liberté de la presse. Très souvent, les professionnels ne savent pas où se trouvent les limites légales. Je pense que cette formation est extrêmement importante pour les journalistes car ils doivent apprendre jusqu'où ils peuvent aller. Parfois, ils dépassent la limite sans le savoir. D'autres sont obligés de s'autocensurer par craintes de représailles. Donc, ce séminaire les informe sur ce qu'ils peuvent écrire et ne pas écrire dans chaque pays.
K.S. : à quels types de problèmes les journalistes de l'Asie du Sud-Est doivent-ils faire face ? Les lois de la presse sont-elles bien définies ?
W.v.B. : tous les jours et dans tous les pays, les journalistes rencontrent des problèmes judiciaires. D'une part, les lois sont vagues. Et d'autre part, comme je le disais, ils ne connaissent pas les limites qu'ils doivent respecter pour ne pas être inquiétés.
K.S. : le rapport de Reporters sans frontière, publié en 2007, sur le thème de la liberté de la presse, classe le Cambodge au 86e rang sur 169 pays. Comment évaluez-vous les journalistes du royaume en terme de professionnalisme ?
W.v.B. : je pense que la presse au Cambodge reste très jeune. Ses professionnels le sont également. Ils doivent encore suivre des formations et se spécialiser davantage. C'est la condition sine qua non pour assurer un bon développement. Un récent rapport de Reporters sans frontière montre que la presse cambodgienne est sur la bonne voie. Pen Samithy, le responsable du Club des journalistes cambodgiens, a expliqué que les journalistes ne sont plus assassinés dans le royaume, contrairement aux Philippines, par exemple, qui reste un pays très dangereux pour les médias. Dans l'avenir, si le Cambodge parvient à grimper à la 75e place du classement de Reporters sans frontière, cela sera un bon signe. Il ne doit surtout pas régresser. La presse du royaume s'améliore, mais d'après les collègues cambodgiens, il reste encore beaucoup à faire.
K.S. : certains accusent les journalistes cambodgiens d'être corrompus. Quel est votre sentiment à ce sujet ?
W.v.B. : malheureusement, je ne peux ni confirmer ni infirmer car je travaille à Singapour et connais donc mal ce problème au Cambodge. Mais, récemment, j'ai assisté à une conférence à Bonn, en Allemagne, sur la question de la corruption dans les médias. Je pense que si on aborde ce thème, on doit se demander : pourquoi les journalistes se laissent-ils corrompre ? Si vous percevez un salaire insuffisant pour nourrir votre famille, vous ouvrez plus facilement la porte à la corruption.
K.S. : jusqu'à présent, le Cambodge n'a pas de conseil de presse. Pour vous, est-il temps de le créer ?
Ky Soklim
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire