mercredi 31 octobre 2007

Royauté – Le Roi Sihanouk, Père du Cambodge moderne

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mercredi 31 octobre 2007

De Gaulle, Mao, Nehru... il aura connu les plus grands. Son histoire personnelle aura été aussi tourmentée que celle de son Royaume. Aux yeux du monde et ceux de son peuple, le Roi Norodom Sihanouk, dont l'on fête aujourd'hui les 85 ans, aura incarné le Cambodge pour plus d'un demi siècle.

Roi, Prince premier Ministre, déposé et exilé, leader de la résistance, il retrouve finalement son trône après plus de 20 ans de lutte qui ont considérablement affaibli son Royaume. Depuis son abdication en 2002, le Roi Père, qui se dit " malade et affaibli "  n'occupe plus autant le devant de la scène,  mais n'a pas perdu le soutien de ses sujets qui continuent d'arborer son portrait tant sur la voie publique que dans l'intimité de leur maison.

Le Prince flamboyant

Norodom Sihanouk est né à Phnom Penh en 1922. Fils du Prince Norodom Suramarit et de la Princesse Sisowath Kossamak, il fut désigné en 1940 par la puissance coloniale pour succéder à son grand père le Roi Sisowath Monivong sur le trône. Les autorités françaises ont-elles choisi le jeune Prince pour sa malléabilité supposée ? Ce calcul se révéla en tout cas faux, le Roi allait bientôt prendre la tête du mouvement nationaliste, et obtenir, suite à sa " Croisade Royale " l'indépendance en 1953. Ce sens politique le Roi allait encore le démontrer en cédant le Trône à son Père, à la tête de son " Sangkum Reastr Niyum ", il révolutionne le Cambodge, une époque encore évoquée avec nostalgie par la plupart des cambodgiens. Le  Royaume enfin s'anime, se développe et devient un modèle pour les autres nations. La paix maintenue par la politique de neutralité de " Monseigneur Papa ", c'est tout un peuple qui respire alors que ses voisins succombent aux affres de la guerre civile.

Le Prince tourmenté

Lorsqu'un groupe de politiciens et de militaires, dont son cousin le Prince Sirik Matak, le renversent en 1970, le Prince, de son exil, choisit de poursuivre la lutte, et s'allie avec ses ennemis de toujours, les Khmers Rouges. Une telle décision amènera ensuite le Prince à devenir le chef  " nominatif " du régime Khmer Rouge lorsque ceux ci, en 1975, mettent fin à la Républicaine " américaine ". Prisonnier en son Palais, alors que plusieurs de ses proches sont assassinés, le Prince doit son salut qu'à la guerre larvée que se livrent Khmers Rouges et communistes vietnamiens. Lorsqu'en 1979 le Vietnam envahit le Cambodge, le Prince retrouve la liberté mais aussi l'exil. Ne renonçant pas à  " l'indépendance du Cambodge ", le Prince reprends le combat et rallie les maquis, y retrouvant les tortionnaires Khmers Rouges, et les anciens responsables républicains, un compromis nationaliste face à l'occupation vietnamienne.

Le Roi restauré

10 ans de lutte, et de coups bas, avant que le Vietnam, bientôt lâché par son allié soviétique, et épuisé par la guérilla que mène la résistance, ne renonce à son rêve d'unification de la péninsule indochinoise. Les accords de Paris de 1991 mettent fin à 20 ans de guerre civile, même si les Khmers Rouges continuent leur combat jusqu'en 1999. Le Roi Sihanouk retrouve son trône en 1993 et le Cambodge connaît ses premiers débuts démocratiques.

A travers trente ans de guerre, de coups, et même lors du régime du Kampuchéa Démocratique, le Roi Sihanouk est resté la seule figure de référence et de permanence pour son peuple. De plus en plus las devant l'amoralisme d'une société cambodgienne en reconstruction, le Souverain abdique en 2004 au profit de son fils le Prince Norodom Sihamoni. En prenant les devant, et en organisant lui même sa succession, le Roi Père aura ainsi rendu un dernier service à son pays, le maintien de la monarchie, une des plus anciennes au monde, garante de l'indépendance et de l'identité cambodgienne. Plus que jamais, il reste le Père d'une nation qui le célèbre aujourd'hui.

Ke Bun Tha (www.lepetitjournal.com Cambodge) mercredi 31 octobre 2007

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