mardi 3 mars 2009

Le procès khmer rouge entaché de corruption

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Courrier international - 27 févr. 2009
Revue de presse
CAMBODGE - Le procès khmer rouge entaché de corruption
Un système de pots-de-vin prévaudrait au sein du tribunal chargé de juger les hauts responsables khmers rouges. La crédibilité de la juridiction mise sur pied sous l'égide de l'ONU pourrait en pâtir. Son fonctionnement aussi.
"C'est devenu une habitude chaque mois : après avoir perçu leur salaire, les employés de la partie cambodgienne du tribunal khmer rouge en reversent une part – quelque peu à contrecœur – à leurs supérieurs." C'est par ce constat que le Phnom Penh Post revient sur les allégations de corruption qui, depuis 2008, ternissent l'image de la juridiction mise sur pied sous l'égide des Nations unies pour juger les dirigeants khmers rouges. Ces mêmes Nations unies ont mené leur enquête, dont les conclusions ont été remises en août au gouvernement cambodgien sans être rendues publiques. Le quotidien anglophone cite en revanche un rapport d'une délégation du Bundestag allemand venue sur place en novembre 2008. "L'importante corruption qui entrave le travail du tribunal hybride est un grave problème", relève Knut Rosandhaug, adjoint au directeur administratif du tribunal, cité par le document des parlementai res.

Le Phnom Penh Post a été éconduit par les représentants des autorités cambodgiennes qu'il a contactées. Il a en revanche recueilli le témoignage d'un employé du tribunal parlant sous couvert de l'anonymat par crainte de représailles. "Au cours des quatre premiers mois [de mon contrat], j'ai reversé 70 % [de mon salaire en pots-de-vin] ; c'est descendu ensuite à 10 %. Disons que vous êtes un des supérieurs. Vous avez 30 subordonnés qui, chacun, vous remet son enveloppe que vous transmettez à votre tour à Sean Visoth", détaille cet employé, faisant référence au numéro un cambodgien de l'administration du tribunal mis en cause par l'enquête du Bundestag. Sean Visoth est en congé depuis novembre et il est impossible d'en savoir davantage sur sa date de retour.

D'aucuns, à l'image d'Andrew Ianuzzi, avocat de Nuon Chea, le bras droit présumé de Pol Pot, déplore l'omerta qui prévaut également au sein des rangs onusiens. "Cela porte atteinte à la crédibilité du tribunal. Pourquoi des fonctionnaires internationaux protègent-ils des officiels cambodgiens ?" s'interroge l'avocat, dont l'équipe a déposé une plainte le 9 janvier auprès de la cour municipale de Phnom Penh pour qu'elle examine ces allégations de corruption. Une plainte classée sans suite moins d'un mois plus tard. Le 22 février, à l'issue d'une rencontre avec le vice-Premier ministre20cambodgien Sok An, Peter Taksoe-Jensen, assistant de Ban Ki-moon, a parlé d' "avancées" sur ce dossier, rapporte quant à lui Ka-set, un site d'information trilingue sur le pays. Sans solution rapide, c'est le fonctionnement de l'ensemble du tribunal qui serait menacé. Le Programme des Nations unies pour le développement, par lequel transitent les fonds octroyés pour le tribunal, a en effet gelé tout financement depuis le milieu de l'an dernier. La partie cambodgienne de la juridiction pourrait ainsi se retrouver à court de fonds dès le 1er mars.






François Gerles
 © Courrier international 2009 | ISSN de la publication électronique : 1768-3076    

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