mardi 8 janvier 2008

Le Boeung Kak va disparaître

Edito du 3 janvier 

08-01-2008        

 

Le Boeung Kak va disparaître. Cet immense lac en plein cœur de la capitale est une des nouvelles victimes de la frénésie immobilière. Son assèchement a débuté et rien ni personne ne semble pouvoir l'arrêter. Le béton remplacera bientôt l'étendue liquide.

Mais qui s'y oppose vraiment ? ...

Le Boeung Kak va disparaître. Cet immense lac en plein cœur de la capitale est une des nouvelles victimes de la frénésie immobilière. Son assèchement a débuté et rien ni personne ne semble pouvoir l'arrêter. Le béton remplacera bientôt l'étendue liquide.

Mais qui s'y oppose vraiment ? Hormis un groupement de riverains et quelques architectes qui ont élevé la voix, cet événement passe totalement inaperçu. Les premiers vont être expropriés et les autres regrettent que les études n'aient pas été confiées à un cabinet cambodgien. Seules protestent donc des personnes qui ont un intérêt personnel lié à ce projet. Où sont les associations de défense de l'environnement ? Où sont les écologistes ? Où sont les associations des amis du lac, celles des pêcheurs du Boeung Kak ? Où sont les défenseurs des espaces verts de la ville ?

A Montpellier, dans le sud de la France, en 1989, le maire Georges Frêche décida de couper quelques arbres sur la place de la Canourgue en plein cœur de ville, désirant transformer cet endroit bucolique en parking. Le tollé fut général. Des dizaines d'associations diverses et des hommes politiques se joignirent aux riverains. Ils organisèrent l'occupation des lieux, lancèrent des pétitions, alertèrent la presse, etc. L'opposition fut si forte que le maire céda. Les arbres furent épargnés. Le parking ne vit jamais le jour.

La culture associative n'existe pas au Cambodge. Ce pays cultive au contraire l'individualisme à outrance. On ne s'occupe pas de ce que fait son voisin et on espère qu'un voisin plus puissant ne vienne pas s'occuper de ses affaires. Chacun s'emmure dans sa bulle, sa famille et son clan. Tout ce qui est en dehors de cette sphère ne le concerne pas. S'engager pour des idées et des idéaux peut être même dangereux.

Au nom du développement, tout se vend désormais, et les spoliations sont devenues le mal de cette décennie. La société civile est embryonnaire et à l'exception d'une poignée d'ONG de défense des droits de l'homme, les victimes d'expropriations sont seules face aux géants qui les écrasent. Un quartier tout entier est en passe d'être rayé de la ville dans l'indifférence quasi générale. Jusqu'au prochain…

 
Frédéric Amat     

 

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