L'avocat de la terreur : le mystère Vergès
Le nébuleux Jacques Vergès.
Aleksi K. Lepage |
La Presse
On nous prévient d'emblée: «Ce film présente le point de vue personnel du réalisateur.» Cela pour éviter d'éventuels débats à propos de l'objectivité de Barbet Schröder lequel, après des années d'errances dans la fiction ( Single White Female, Kiss of Death) revient à la forme documentaire.
L'avocat de la terreur suscitera à coup sûr, chez les férus d'histoire récente et de politique internationale, des conversations à n'en plus finir. Cet avocat, c'est Jacques Vergès, personnage mystérieux mais convaincu des vertus de sa «mission» anticolonialiste. Cet homme bien élevé mais au verbe dur, né en 1925 de l'union d'une Vietnamienne et d'un Réunionnais (donc en quelque sorte «né colonisé») a consacré toute sa vie à la défense des projets nationalistes (Cambodge, Palestine, Algérie), se mouillant inévitablement du côté des militants (ou des terroristes, selon vos allégeances).
Le film de Schröder est à l'image du personnage: complexe et ambigu. Vergès a tout de même plaidé pour quelques criminels de guerre (dont Klaus Barbie) et quelques résistants prêts à mourir ou à tuer pour la libération de leur peuple. Il a épousé Djamila Bouhired (la «Jeanne d'Arc de l'Algérie», selon certains) avant de s'évaporer dans la nature pour prendre ses distances, coupant ainsi tous les ponts avec ses proches. Ce qu'il a fait pendant cette «retraite» reste obscur, le principal intéressé étant lui-même avare de détails.
Communiste ou d'extrême droite? La ligne est mince et Schröder tâche, sinon d'élucider, du moins de jeter un peu de lumière, sa propre lumière, sur «le mystère Vergès». Touffu, rempli d'extraordinaires images d'archives, d'extraits de films et d'une impressionnante variété d'interviewés, L'avocat de la terreur propose le portrait d'un homme aux projets discutables mais au caractère fascinant. Est-il un héros incompris? Un salaud? À vous d'y voir et de trancher.
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L'avocat de la terreur
Documentaire de Barbet Schröder.
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