mercredi 25 avril 2007

Angkor et le Cambodge au XVIe siècle

Angkor et le Cambodge au XVIe siècle d’après les sources portugaises et espagnoles, par BP. Groslier

Le Cambodge fut un des derniers pays de l’Asie du Sud-Est à être visité par les voyageurs occidentaux. A l’écart des grands itinéraires maritimes, il ne jouait en effet qu’un rôle politique secondaire et n’offrait aucune de ces épices, aucune de ces denrées précieuses qui attiraient les navigateurs.

Si le Cambodge est mentionné dans les ouvrages européens dès 1511, ce n’est que dans les publications des dernières années du XVIe siècle que l’on trouve quelques informations concrètes à son sujet. En fait, si les Portugais, et plus tard les Espagnols, se sont intéressés au Cambodge, ce fut à la suite de leurs missionnaires. Ceux-ci ne sont pas parvenus à convertir les Khmers au catholicisme, mais divers religieux vécurent à la cour du roi Sathâ, au moment où, vers 1576, ce prince séjournait près d’Angkor (il fit restaurer Angkor Vat, délaissé par les rois khmers depuis 1431). Ce sont ces missionnaires appelés par le roi qui voient les ruines et répandent les premières informations relatives à Angkor qui soient parvenues en Occident. Diogo do Couto (vers 1543-1616), le chroniqueur officiel de l’Inde portugaise (Goa), a connu quelques-uns de ces missionnaires. C’est sur la base du témoignage d’un moine capucin, Antonio da Magdalena (qui dût visiter Angkor vers 1585-1588), qu’il rédigea une description d’Angkor, le premier en date des récits européens sur le sujet, et aussi le plus détaillé, le plus exact et le plus précieux, mais demeuré longtemps à l’état de manuscrit. Il se fait visiblement l’écho d’une tradition locale sur la découverte et la réoccupation de la cité perdue et son récit éclaire un chapitre fort obscur de l’histoire de la ville. C’est là qu’on trouve l’anecdote de la découverte d’Angkor par le roi “de Camboja” parti en chasse à l’éléphant dans la forêt et qui butte sur des constructions imposantes envahies par la jungle. Le roi fut tellement frappé par la majesté de la ville ancienne qu’il la fit dégager et décida d’y transférer sa capitale. Deux autres chroniqueurs, Ribadeneyra et San Antonio, des Espagnols cette fois, ont laissé des descriptions qui ont été publiées de leur temps mais sont plus succinctes et moins exactes (la fondation d’Angkor serait due pour l’un aux Romains ou à Alexandre le Grand, aux Juifs de Chine pour l’autre). Ce livre cite encore quelques textes de chroniqueurs espagnols, dont l’imprécision et l’imagination finirent par créer une légende fantastique autour de la cité oubliée. Ce livre savant nous livre et analyse tous ces récits, en les confrontant à la réalité. Il fournit des explications subtiles de nature épigraphique, linguistique et historique. Angkor (“la ville royale”) fut à nouveau abandonnée au XVIIe siècle au profit d’Oudong puis de Phnom Penh. Si elle fut alors l’objet de quelques récits hollandais et japonais, la ville ne fut véritablement “redécouverte” qu’au XIXe siècle par les explorateurs européens comme le prêtre Charles-Emile Bouillevaux et Henri Mouhot, qui, par le lyrisme poétique de son compte rendu de voyage, en fut le véritable “inventeur” moderne.
Angkor et le Cambodge au XVIe siècle d’après les sources portugaises et espagnoles, par Bernard Philippe Groslier, Paris, Presses universitaires de France, 1958. – 191 pages. – Ill., cartes & plans (Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome LXIIIe)


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